Allez, avouez. Vous l’avez déjà fait. Ce petit moment de flottement quand un chat noir traverse votre chemin. Cette fraction de seconde où, même en sachant que c’est ridicule, une petite voix dans votre tête vous murmure : « Malchance…« . Certaines changent carrément de trottoir, d’autres se contentent de croiser les doigts.
Car oui, les chats noirs, ces boules de poils élégantes et mystérieuses sont adorées par les unes et redoutées par les autres. Comment on en est arrivées là ? Comment un simple matou a-t-il pu devenir le symbole ambulant de tous les malheurs possibles ?
Attachez vos ceintures, on remonte le temps. De l’Égypte antique où les chats noirs étaient des stars, jusqu’aux bûchers du Moyen Âge où… ça s’est nettement moins bien passé. Vous découvrirez vite que l’histoire est carrément plus sombre qu’on ne l’imagine…
Le chat noir, de l’Olympe égyptienne au sanctuaire domestique
Il fut un temps béni où croiser un chat noir était un vrai coup de bol. Dans l’Égypte antique, le chat n’était pas juste le compagnon qui dort sur vos factures ; c’était une créature sacrée. Tuer un chat, même par accident ? Peine de mort. On ne rigolait pas avec ça.
La star du panthéon félin, c’était Bastet, la déesse à tête de chat. Elle incarnait beaucoup de choses très positives : la protection du foyer, la maternité, la fertilité, la joie, la musique (oui, la déesse féline aimait faire la fête). Les chats noirs, avec leur robe évoquant le mystère et les ténèbres protectrices, étaient considérés comme ses émissaires VIP sur terre.
Les familles égyptiennes vivaient littéralement avec leurs chats. Ces derniers protégeaient les réserves de grain des rongeurs (une mission critique dans une civilisation qui vivait de l’agriculture), mais ils étaient aussi symboles de prospérité. Quand un chat mourait, on le momifiait et on le pleurait comme un membre de la famille. Certains propriétaires se rasaient même les sourcils en signe de deuil. Ca donne une idée du niveau de respect qu’ils avaient pour les chats.
Le chat, roi du monde antique
Cette admiration dépassait largement l’Égypte. Les Romains adoraient les chats pour leur guerre sans merci contre les rats. Dans certaines cultures orientales, ils symbolisaient la sagesse (probablement parce qu’ils passent 16 heures par jour à réfléchir en dormant). Bref, le chat coulait des jours heureux.
Alors comment diable (le jeu de mots est volontaire) est-on passées de ce paradis félin à la catastrophe qui va suivre ? Tenez-vous bien.

Les ténèbres du Moyen Âge : le chat tombe de son piédestal
L’Église décide que les chats, c’est le mal
Au Moyen Âge, l’Église catholique lance une grande opération « nettoyage » de tout ce qui sent le paganisme. Et le chat, avec son indépendance de caractère, sa sensualité, son côté « je vis ma vie la nuit et je fais ce que je veux« , coche toutes les mauvaises cases.
Le vrai tournant catastrophique arrive en 1233. Le Pape Grégoire IX publie la bulle pontificale « Vox in Rama », un texte qui associe directement le chat noir au diable et aux pratiques hérétiques. Bim. D’un coup de plume papale, le chat passe du statut de créature vénérée à celui d’agent de Satan.
Pour le chat noir, c’est game over. Ou presque.
Le chat noir, « preuve » de sorcellerie
Accrochez-vous, parce que là, ça devient vraiment glauque. Pendant la chasse aux sorcières qui va ravager l’Europe pendant des siècles, le chat noir devient le « familier » type (cet animal censé aider les sorcières dans leurs rituels diaboliques).
Et voilà où il faut parler de l’éléphant dans la pièce : cette histoire de chat noir, c’est indissociable de la persécution des femmes. Les femmes indépendantes qui vivaient seules, celles qui connaissaient les plantes et savaient faire des remèdes (donc forcément des « potions« ), celles qui osaient avoir une opinion… bref, celles qui dérangeaient l’ordre établi patriarcal, étaient facilement accusées de sorcellerie.
Leur chat noir qui ronronnait tranquillement au coin du feu ? La « preuve irréfutable » de leur pacte avec le diable. Un animal de compagnie devenait littéralement une condamnation à mort. C’est de la misogynie à l’état pur, déguisée en superstition religieuse.
Les conséquences ont été apocalyptiques. Des massacres organisés de chats, jetés du haut de tours lors de festivals, brûlés vivants, torturés. Et des milliers de femmes accusées, torturées, exécutées. Tout ça parce qu’elles avaient un chat noir et qu’elles ne rentraient pas dans le moule.
L’ironie cruelle ? Cette extermination massive de chats a probablement contribué à la prolifération des rats porteurs de la peste noire. Mais ça, c’est une autre histoire.
De la peur à la mythologie moderne
Pourquoi on y croit encore (un peu) ?
Les bûchers sont éteints depuis belle lurette. L’Inquisition, c’est du passé. Pourtant, cette histoire de chat noir qui porte malheur refuse de mourir. Pourquoi on s’accroche à ça ?
D’abord, parce que c’est complètement arbitraire selon où vous êtes. En Écosse, un chat noir qui débarque chez vous ? Jackpot, vous allez être riche. Au Japon, c’est un porte-bonheur ambulant. Mais en France, en Italie, dans pas mal d’Europe et aux États-Unis, on frissonne encore.
La transmission invisible
La psychologie collective fait des siennes. Le noir, la nuit, l’inconnu… tout ça active nos peurs primales. Le chat noir cumule les symboles anxiogènes : nocturne, silencieux, mystérieux, imprévisible. Notre cerveau, toujours prompt à voir le danger partout, fait des raccourcis douteux.
Et puis il y a l’héritage familial. Votre grand-mère vous racontait des histoires de chats noirs, votre mère évitait d’en croiser, et vous, même en sachant rationnellement que c’est des du grand n’importe quoi, vous avez quand même ce petit truc au fond de vous. C’est ancré. On le fait « au cas où« , par précaution, sans même réfléchir.
La revanche du chat noir
Mais les temps changent, heureusement. Aujourd’hui, les associations de protection animale multiplient les campagnes pour réhabiliter ces beautés en fourrure sombre. Elles rappellent que les chats noirs sont tout aussi adorables, câlins et attachants que leurs cousins tigrés ou roux. Qu’ils ont juste eu la malchance (oh, l’ironie) d’être nés avec la mauvaise couleur de poil.
Et symboliquement, c’est assez fort. Le chat noir, comme les femmes libres et indépendantes persécutées pendant des siècles sous prétexte de sorcellerie, a dû se battre contre des préjugés absurdes. Aujourd’hui, il incarne la résilience, la beauté dans la différence, un grand stop face aux superstitions débiles.
Bref, brisez la malédiction (elle n’existe pas de toute façon) !
L’histoire du chat noir, au fond, c’est l’histoire de comment la peur, l’ignorance et le besoin maladif de tout contrôler peuvent transformer quelque chose de magnifique en symbole de malheur. C’est aussi l’histoire tragique de la persécution de tout ce qui sortait du cadre… les femmes libres en tête de liste.
Cette superstition n’est pas qu’une petite croyance rigolote. Elle porte en elle des siècles de violence, de misogynie décomplexée, de peur de l’autre et du différent. Comprendre son origine, c’est comprendre à quel point nos « petites habitudes » peuvent être le résidu de périodes absolument horribles.
Alors la prochaine fois qu’un chat noir traverse votre chemin, au lieu de faire un détour ridicule, offrez-lui un sourire. Regardez-le pour ce qu’il est vraiment : un fier héritier d’une histoire complexe, un symbole d’indépendance, un bout de mystère élégant sur pattes. Et franchement ? Il a statistiquement autant de chances de vous porter chance que malheur, c’est-à-dire aucune des deux, parce que c’est juste un chat.
Mais entre nous, s’il y a bien une créature qui mérite qu’on lui sourie, c’est celle qui a survécu à des siècles de superstitions débiles et qui continue à nous regarder avec cet air de dire « Ouais, et alors ? ».
Le sujet vous intéresse ? Voici d’autres articles similaires qui pourraient vous plaire :
- Les messages des heures miroir : quelle signification ?
- Miroir brisé & sept ans de malheur : mais d’où vient donc cette superstition ?
- Voir des plumes : un signe de nos guides ?
- Purifier votre maison des mauvaises énergies : 6 remèdes efficaces !