Grace Wales Bonner débarque chez Hermès. Comme ça, direct. Elle prend la direction créative du prêt-à-porter masculin de la maison. Pour celles qui suivent la mode, l’info a fait l’effet d’une petite bombe. On parle quand même d’Hermès. Pas n’importe quelle maison. Le luxe absolu, le savoir-faire artisanal porté à son paroxysme, l’élégance qui ne hausse jamais le ton.
Du coup, la question se pose naturellement : comment sa vision très avant-gardiste va cohabiter avec un tel héritage ? Qu’est-ce qui va bouger dans cet univers si codifié ?
Un changement de garde historique
L’annonce officielle date du 21 octobre 2025. Wales Bonner succède à Véronique Nichanian, qui tenait les rênes du vestiaire masculin Hermès depuis 37 ans. Trente-sept ans au même poste dans la mode, c’est rare. Très rare même, quand on sait que les directeurs créatifs changent généralement de maison tous les quatre ou cinq ans.
Nichanian part à la retraite. Son départ avait été annoncé quelques semaines plus tôt. Sous sa direction, la mode masculine chez Hermès est devenue ce qu’elle est : discrète, raffinée, jamais dans l’esbroufe. Un style immédiatement reconnaissable pour qui connaît un peu le milieu.
Ce changement, c’est plus qu’un simple remplacement de poste. Hermès envoie un signal. La maison dit clairement qu’elle est prête à accueillir une nouvelle vision, tout en gardant ce qui la définit depuis toujours : l’excellence, le temps long, la qualité sans compromis.
Grace Wales Bonner : la visionnaire aux multiples facettes
Pour celles qui découvrent, Wales Bonner est une designer britannique de 35 ans. Son approche de la mode est très intellectuelle. Elle ne dessine pas juste de beaux vêtements. Elle creuse des questions d’identité, d’héritage culturel, de dialogues entre civilisations.
Son histoire personnelle nourrit directement son travail. D’origine britannico-jamaïcaine, elle tisse dans ses collections des influences variées : le tailoring britannique classique, des références africaines et antillaises, des clins d’œil au sportswear rétro. Le mélange pourrait sembler étrange sur le papier. En réalité, ça fonctionne.
Elle a lancé sa marque en 2014, d’abord centrée sur l’homme. Le succès a été rapide. Prix prestigieux, reconnaissance critique immédiate. En 2018, elle ajoute une ligne féminine qui confirme son talent. Ses collabs avec Adidas ont aussi prouvé qu’elle savait réinterpréter des codes existants avec sa patte personnelle.
Bref, Wales Bonner a déjà fait ses preuves. Elle n’arrive pas chez Hermès en terrain inconnu.
L’empreinte de Grace Wales Bonner sur l’homme Hermès
Maintenant vient le vrai défi : façonner le style masculin Hermès sans dénaturer la maison. Parce que l’héritage pèse lourd. Très lourd.
Les matières resteront ce qu’elles sont. Les cuirs, les soies, toute l’excellence qu’on attend d’Hermès sera là. Mais les coupes pourraient bouger. Wales Bonner aime jouer avec les volumes, les proportions. Ses silhouettes sont souvent plus fluides que ce qu’on voit traditionnellement chez Hermès.
Le tailoring classique va sans doute être réinterprété. Avec ses références culturelles en toile de fond – africaines, antillaises, britanniques. Mais subtilement. Hermès n’a jamais fait dans le spectaculaire. Wales Bonner non plus d’ailleurs.
La palette de couleurs va probablement évoluer. De nouveaux tons, des motifs délicats inspirés de ses recherches. Toujours avec la retenue qu’on attend de la maison, mais avec une modernité bienvenue.
Le vrai enjeu, c’est l’équilibre. Mixer sa vision contemporaine avec l’intemporalité Hermès. Si elle y arrive – et rien ne dit le contraire pour l’instant – on va avoir droit à quelque chose d’intéressant. Une élégance masculine qui reste familière tout en surprenant. Pas évident à réaliser, mais c’est justement ce qui rend le projet excitant.
Une nomination pionnière
Au-delà de l’aspect purement créatif, cette nomination a une dimension historique. Wales Bonner devient la première femme noire à diriger la création masculine d’une grande maison de luxe historique. Première. En 2025. Ça dit quelque chose sur l’industrie, non ?
Le choix d’Hermès envoie un message sur la diversité. Sur la reconnaissance de talents diversifiés au plus haut niveau. C’est important. Pas juste pour cocher une case dans un communiqué corporate, mais vraiment.
Autre point notable : elle garde sa propre marque en parallèle. Cette double casquette n’était pas forcément évidente il y a quelques années. Les créatifs devaient choisir. Aujourd’hui, ils peuvent avoir les deux. Une nouvelle dynamique dans le secteur.
Rendez-vous en janvier 2027
Il va falloir patienter. La première collection de Wales Bonner pour Hermès sort en janvier 2027. Un peu plus d’un an. Le temps de s’imprégner de la maison, de comprendre ses codes de l’intérieur, de rencontrer les ateliers. De traduire sa vision dans cet univers très particulier.
Cette collaboration promet quelque chose. Un vrai tournant potentiel pour la mode masculine. On parle de faire cohabiter une vision avant-gardiste avec l’excellence d’une des maisons les plus respectées au monde. Si ça marche, ça peut redéfinir pas mal de choses.
L’aube d’une nouvelle élégance
La nomination de Grace Wales Bonner chez Hermès dépasse le simple recrutement d’une directrice créative. C’est le signal d’une nouvelle ère pour l’élégance masculine. Une ère où l’audace, la culture et l’innovation vont côtoyer ce luxe emblématique qui fait la signature d’Hermès.
Les amateurs de mode masculine ont de quoi être impatients. Celles et ceux qui aiment voir la mode se renouveler tout en gardant ses fondamentaux aussi. Hermès prend un risque, certes calculé, mais un risque quand même. Et c’est précisément ce qui rend le projet captivant.
Reste à voir ce que ça donnera concrètement. Janvier 2027 va être scruté de près. En attendant, on peut juste espérer que cette rencontre entre deux univers donnera quelque chose à la hauteur des attentes. Parce qu’elles sont élevées, très élevées même.
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