Dans l’univers feutré du luxe parisien, certains départs résonnent plus fort que d’autres. Le 16 octobre 2025, Véronique Nichanian a annoncé dans les colonnes du Figaro qu’elle quitterait la direction artistique des collections homme d’Hermès, poste qu’elle occupe depuis 1988. Une nouvelle qui a fait l’effet d’une bombe douce dans le milieu de la mode.
Avec 37 ans d’ancienneté, elle détient le record de la directrice créative ayant exercé le plus longtemps dans une grande maison de mode. Son influence sur l’identité masculine d’Hermès ? Immense. Sa discrétion légendaire ? Intacte jusqu’au bout. Cet article vous propose de revenir sur son héritage exceptionnel, les raisons de ce départ maîtrisé, et ce que cela signifie pour l’avenir de la prestigieuse maison du faubourg Saint-Honoré.
Un règne de 37 ans : L’ère Véronique Nichanian chez Hermès
Le début de l’aventure
Diplômée de l’École de la chambre syndicale de la couture parisienne et passée par Cerruti Homme, Véronique Nichanian avait rejoint les rangs de la griffe en 1988, sur invitation de Jean-Louis Dumas, alors président d’Hermès. À l’époque, la division masculine de la maison était encore à développer. Mission accomplie, pourrait-on dire avec le recul.
La construction d’une identité
Au fil des décennies, Véronique Nichanian a patiemment façonné ce qu’on pourrait appeler l’ADN de l’homme Hermès. Son approche, empreinte d’une sobriété formelle, se pimente d’utilisation de matières nobles sur lesquelles elle applique des savoir-faire d’exception, imposant une cohérence saison après saison, s’appuyant sur un tailoring discret décliné dans des tons terre, camel et ocre.
Sa signature ? Un luxe qui ne crie jamais, une élégance intemporelle qui traverse les époques sans prendre une ride. Comme elle l’explique elle-même : « Mon envie a toujours été de créer des vêtements d’aujourd’hui pour longtemps. Pour moi, il n’y a pas un homme Hermès mais des hommes Hermès ». Cette philosophie a guidé chacune de ses créations, mélangeant innovation technique et respect de l’héritage de la maison.
Une longévité exceptionnelle
Les chiffres donnent le vertige. Son 76ème défilé en janvier 2026 sera son dernier, marquant la fin d’un parcours unique dans l’histoire de la mode contemporaine. Dans un secteur où les directeurs artistiques changent tous les trois à cinq ans, cette stabilité relève presque de l’exploit.
Les raisons d’un départ choisi : Une page que l’on tourne
Un départ « à son initiative »
Pas de polémique, pas de clash, pas de départ précipité. Véronique Nichanian, 71 ans, explique avoir discuté de la transmission de ses fonctions au cours des deux dernières années avec Axel Dumas, PDG d’Hermès, et Pierre-Alexis Dumas, directeur artistique de la maison. Une décision mûrement réfléchie, prise en toute sérénité.
« J’aime toujours ce métier, confie-t-elle. Cependant, je pense que pour l’exercer comme je l’entends, il faut désormais y consacrer de plus en plus de temps, et aujourd’hui, je souhaite consacrer ce temps à d’autres choses ». Parmi ces projets personnels ? Réaliser un rêve de longue date : passer plusieurs mois au Japon. On lui souhaite d’y trouver autant d’inspiration que celle qu’elle nous a offerte pendant près de quatre décennies.
La gratitude de la maison
Hermès a officialisé le départ dans un communiqué empreint d’émotion, saluant sa « vision, son énergie et sa curiosité ». La maison reconnaît que le succès de son univers masculin doit énormément au talent de cette créatrice hors norme. Hermès lui a fait preuve d’une grande élégance en lui laissant choisir le moment qui lui semblait opportun pour se retirer.
Un timing symbolique
Le défilé final aura lieu le 24 janvier 2026 à Paris, lors de la semaine de la mode masculine Automne/Hiver 2026-2027. Une sortie par la grande porte, comme il se doit pour une telle carrière. On imagine déjà l’émotion qui accompagnera cette dernière présentation.
L’héritage d’une visionnaire : L’homme Hermès au fil des décennies
Véronique Nichanian n’a pas seulement habillé l’homme Hermès, elle l’a inventé. Elle a su naviguer entre tradition et modernité, adaptant les codes de la maison aux évolutions sociétales sans jamais les trahir. Sa force ? Avoir su réinventer l’approche du vêtement-objet en développant un vestiaire contemporain où les matières se mélangent, les techniques se combinent, l’innovation et l’héritage se conjuguent.
« Je suis très fière d’avoir créé ce que j’appelle des vêtements objets, des vêtements transformables, réversibles, qui vous accompagnent dans la vie », confie-t-elle. Cette approche du vêtement comme compagnon de route plutôt que simple parure a marqué toute son œuvre. Les matières nobles – cachemire précieux, peaux exotiques travaillées avec virtuosité –, les silhouettes épurées mais jamais austères, et cette palette de couleurs terre, camel et ocre devenue signature sont autant d’éléments qui constituent son legs.
La catégorie vêtements et petits accessoires génère 4,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur un total de 15,17 milliards d’euros de ventes en 2024, preuve que son travail ne se limite pas à l’esthétique mais s’inscrit dans une véritable stratégie commerciale réussie. Et si son approche du luxe discret et de l’intemporalité a, au fil des ans, influencé l’image globale d’Hermès ? C’est fort probable.
L’avenir d’Hermès Homme : Le défi de la succession
La question brûle toutes les lèvres : qui succédera à Véronique Nichanian ? Pour l’instant, Hermès reste discret. Selon certaines sources, un successeur interne pourrait être nommé. Parmi les collaborateurs de longue date de Nichanian se distingue Benjamin Brett, l’un de ses adjoints.
Les enjeux sont considérables. Comment préserver l’ADN si spécifique de l’homme Hermès tout en apportant une vision renouvelée ? Comment ne pas décevoir une clientèle fidèle qui s’est construite autour de l’esthétique Nichanian ? Le changement de direction créative intervient alors que le secteur du luxe traverse une période délicate, même si Hermès fait figure d’exception en continuant d’enregistrer une croissance de ses ventes.
Le nouveau directeur artistique devra se montrer à la fois respectueux de l’héritage et audacieux dans sa vision. Un exercice d’équilibriste qui donnera le ton pour la prochaine décennie de l’homme Hermès.
Un chapitre se ferme, une légende demeure
Le départ de Véronique Nichanian marque indéniablement la fin d’une époque chez Hermès. Après trente-sept ans à la tête de la mode masculine d’Hermès, elle laisse derrière elle l’empreinte rare d’une vision fidèle et intemporelle. Au-delà des collections et des défilés, c’est l’exemple d’une créatrice qui a su rester fidèle à sa vision tout en évoluant avec son temps qui restera.
Dans un monde de la mode où les directeurs créatifs vont et viennent, où les crises se succèdent et où les délais se resserrent toujours plus, Véronique Nichanian détenait un record absolu : la plus longue direction créative de l’histoire. Une performance qui ne sera sans doute pas égalée de sitôt.
Maintenant, le monde de la mode retient son souffle. Qui aura l’honneur – et la lourde responsabilité – de lui succéder ? Quelle nouvelle vision pour l’homme Hermès émergera de ce changement de garde ? Une chose est sûre : les projecteurs seront braqués sur ce prochain chapitre. Et nous, on a déjà hâte de découvrir comment cette nouvelle page s’écrira, tout en gardant en mémoire l’élégance intemporelle que Véronique Nichanian nous a offerte pendant près de quatre décennies.
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