Le choc dans le monde du luxe
Le 2 décembre 2025, le monde de la mode a eu un léger choc. Prada a officialisé l’acquisition de Versace pour 1,3 milliard d’euros. Dans le petit monde très fermé du luxe, ça n’est pas passé inaperçu.
Ce qui rend la date encore plus troublante ? C’est l’anniversaire de naissance de Gianni Versace, fondateur visionnaire de la maison assassiné en 1997. Coïncidence ou symbole calculé ? Dans le luxe, le hasard n’existe pas vraiment.
Au-delà des chiffres, c’est toute la carte du luxe italien qui se redessine. Deux univers que tout oppose – le minimalisme cérébral de Prada et la flamboyance exubérante de Versace – vont désormais écrire leur histoire ensemble. Ça promet.
Les chiffres de l’opération
Prada a déboursé entre 1,25 et 1,3 milliard d’euros pour arracher Versace à Capri Holdings, le groupe américain qui l’avait acheté 1,83 milliard en 2018. Oui, Capri y perd de l’argent, ce qui en dit long sur les galères qu’a traversées Versace ces dernières années.
Une fois bouclé, le groupe Prada+Versace affiche un chiffre d’affaires combiné de plus de 6 milliards d’euros. Impressionnant ? Relativement. Pour situer : LVMH pèse 86 milliards, Kering 20 milliards. Prada+Versace reste un acteur modeste en taille, mais hautement symbolique.
Comme l’a confirmé le communiqué officiel : « L’acquisition de Versace auprès de Capri Holdings est désormais finalisée, après obtention de toutes les autorisations réglementaires requises. » Derrière cette phrase administrative se cache une ambition : créer un champion italien face aux géants français.
Pourquoi Prada voulait Versace
Prada ne cherchait pas juste à grossir. Ils voulaient Versace. Précisément cette maison-là.
Patrizio Bertelli, président de Prada et figure du luxe italien, l’a dit au Corriere della Sera : « Nous ne voulions pas grandir pour le simple fait de grandir, nous voulions Versace : pour son histoire, pour son identité. » Il y a quelque chose de presque sentimental dans cette acquisition. Une volonté de préserver le patrimoine italien.
Stratégiquement, la complémentarité saute aux yeux. Prada, c’est le minimalisme sophistiqué, intellectuel, presque austère. Versace explose de couleurs, de dorures, de sensualité assumée. Deux visions du luxe qui, loin de se cannibaliser, pourraient se renforcer. Prada apporte la rigueur, Versace injecte le glamour.
La patience de Prada est aussi remarquable. Ils ont attendu que Versace se débatte sous Capri Holdings, puis ont frappé au bon moment. Du grand art.
Lorenzo Bertelli prend les commandes
Cette acquisition coïncide avec une transition générationnelle. Lorenzo Bertelli, 37 ans, fils de Miuccia Prada et Patrizio Bertelli, devient président exécutif de Versace.
Aux Échos, il a déclaré : « Cette étape est clé dans mon parcours. Je prends la tête de Versace avec la volonté de lui donner une stratégie claire. » Lorenzo a grandi dans le sérail du luxe, mais il représente une nouvelle génération, plus connectée aux enjeux contemporains.
Ce passage de relais progressif chez Prada – de Miuccia et Patrizio à Lorenzo – symbolise un renouveau. Moderniser sans renier l’héritage. Et Versace devient le terrain parfait pour le prouver.
Donatella reste, et c’est une excellente nouvelle
Au milieu de ces bouleversements, la question revenait : et Donatella ? Rassurez-vous, elle ne bouge pas. Elle reste directrice artistique de la maison qu’elle dirige depuis la mort de son frère Gianni en 1997.
C’est probablement la meilleure nouvelle. Parce que Donatella, c’est bien plus qu’une directrice artistique. C’est l’incarnation vivante de l’ADN Versace : cette exubérance, ce glamour sans complexe, cette sensualité qui fait de chaque défilé un événement. Elle est une icône puissante qui a traversé les décennies en imposant sa vision.
Comme elle l’a souvent répété : « Versace est une maison qui parle de liberté, de glamour et de force. » Avec elle aux commandes créatifs, impossible que l’identité Versace se dilue. Donatella sous la présidence de Lorenzo, c’est le mix parfait : expérience et passion d’un côté, stratégie et vision d’avenir de l’autre.
Ce que ça change vraiment
Soyons honnêtes, Prada+Versace ne va pas renverser LVMH. Avec 6 milliards de chiffre d’affaires face aux 86 milliards du groupe français, l’écart reste énorme.
Mais ce serait une erreur de ne voir que les chiffres. Cette alliance est d’abord un pari symbolique. L’affirmation que le luxe italien peut exister hors des conglomérats français, qu’il peut garder son âme tout en gagnant en puissance.
Versace, qui a vraiment souffert sous Capri Holdings – perte de désirabilité, stratégie floue – a maintenant une chance de renaissance. Prada apporte son expertise opérationnelle et sa vision long terme. Versace apporte son histoire, son aura, sa capacité à faire rêver.
Pour le marché, c’est aussi un signal : les maisons « mid-size » peuvent encore compter, à condition d’avoir une identité forte. À l’heure où tout le monde croyait que seuls les géants pouvaient survivre, Prada montre qu’il existe une troisième voie.
Conclusion : Plus qu’un rachat, une renaissance
Au fond, cette histoire est assez fascinante. Deux maisons italiennes qui ont chacune marqué le luxe à leur manière – Prada avec son minimalisme presque austère, Versace avec son glamour qui ne s’excuse de rien – vont désormais avancer ensemble.
Il y a quelques années, on aurait dit que c’était impossible. Trop différentes, trop fortes, trop… tout. Et pourtant, peut-être que c’est justement ce qui rend cette alliance intéressante. Prada n’a pas acheté Versace pour l’assagir ou la transformer en version dorée de ses propres collections. Ils l’ont rachetée parce qu’ils croient en ce qu’elle représente.
Ce 2 décembre 2025 ne signe pas la fin de Versace, ni sa dilution dans un grand ensemble anonyme. C’est le pari que le luxe italien peut encore exister avec fierté, avec identité, avec cette touche d’arrogance nécessaire pour affronter les géants.
Alors oui, on verra ce que ça donne dans quelques années. Mais pour l’instant, on a envie d’y croire.
Vous êtes team Prada minimaliste ou team Versace maximaliste ? Cette alliance vous semble prometteuse ou risquée ? Dites-nous tout en commentaire ! ✨
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